Ariane de Polignac

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Skinned to the soul

15 avr. 2025

Skinned to the soul

Ariane de Polignac est une artiste française basée à Londres, actuellement étudiante au Chelsea College of Arts et diplômée de Central Saint Martins en 2024. Travaillant principalement la peinture, sa pratique constitue une recherche viscérale autour de la féminité, de la dualité entre corps et âme, et de la fragilité de notre forme physique en tant que réceptacle de la conscience.

Pour sa première exposition, elle présente Tous Les Autres Ensemble, un triptyque composé de trois œuvres intitulées Celui Qui Méprise, Celui Qui Est et Celui Qui Cherche. Ces peintures proposent une exploration personnelle et philosophique de l’expérience féminine — de la manière dont elle se construit, se vit, et s’intériorise.

Son travail puise largement dans la littérature et la philosophie, nourri par des textes tels que Femmes au bord de la crise (Women at Point Zero), La Prisonnière des Sargasses (Wide Sargasso Sea) et Voir le voir (Ways of Seeing). Les réflexions de John Berger sur le regard, ainsi que le concept lacanien du stade du miroir, forment l’ossature conceptuelle du triptyque. Comme l’écrit Berger :

« Une femme est toujours accompagnée, même lorsqu’elle est seule, de l’image qu’elle a d’elle-même… Elle doit surveiller tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle fait, car la manière dont elle apparaît aux autres — et en fin de compte aux hommes — est d’une importance cruciale pour ce que l’on considère comme la réussite de sa vie. »

Cette surveillance intériorisée devient un fil conducteur dans ses peintures — non pas comme une condamnation, mais comme une réalité poétique et douloureuse. L’œuvre interroge le poids émotionnel du fait de "jouer" la normalité, un thème approfondi par l’expérience personnelle de l’artiste en tant que femme Asperger. Comme beaucoup de femmes sur le spectre, elle a appris dès l’enfance à « masquer » sa différence, à adopter un personnage pour se conformer aux attentes sociales.

À travers la couleur — force intuitive et émotionnelle au cœur de sa pratique — elle donne forme à ces tensions invisibles. Son processus, non planifié mais profondément ancré dans la recherche, la mémoire et l’expérience incarnée, fait du pinceau un instrument de traduction, transmettant des heures de réflexion en gestes immédiats et expressifs.

Cette œuvre ne cherche pas à désigner un coupable. Elle invite plutôt à la réflexion, posant non pas la question « Qui est responsable ? » mais « Qu’est-ce que cela fait de le vivre ? » C’est une offrande à celles et ceux qui s’y reconnaissent, et une invitation aux autres à regarder de plus près.